Étude scientifique sur la précarité financière des doctorants UGA

Parution
Maison du doctorat Jean Kuntzmann © Pierre Jayet
Une étude scientifique sur la précarité financière des doctorants UGA couvrant la période 2017-2021 a été réalisée par P. Mercklé (laboratoire Pacte) et P. Bataille (laboratoire LaRAC) à partir des bases de données disponibles au Collège doctoral.
Au cours des années qui viennent de s’écouler et des différentes crises qui se succèdent, la précarité étudiante s’est imposée comme un sujet majeur pour les institutions d’enseignement supérieur en France. Parmi les étudiant·es, les doctorant·es occupent une place à part puisqu’ils et elles sont à la fois en formation et salarié·es, et donc susceptibles de cumuler ainsi les risques et les formes de précarité liés à ces statuts. Dans ce rapport qui rend compte de la première partie d’une recherche visant à approfondir les résultats d’une première étude sur la précarité financière des doctorant·es conduite par le Collège des études doctorales de l’Université Grenoble Alpes, nous montrons que, sur la période 2017-2021, l’absence de financement a concerné chaque année en moyenne 14% des doctorant·es. Les modalisations cherchant à déterminer les facteurs du risque de ne pas être financé·e montrent en outre que celui-ci n’est pas le même pour tout·es les doctorant·es, mais qu’il est significativement plus élevé dans les sciences humaines et sociales, qu’il s’accroît fortement au-delà de la troisième année de thèse dans toutes les disciplines, et qu’il touche plus fortement les doctorant·es étranger·es et ceux dont le directeur ou la directrice de thèse a un nombre élevé de doctorant·es.

Les analyses mobilisant les techniques de l’analyse des séquences permettent ensuite d’affiner le constat en distinguant six types de parcours doctoraux sous l’angle des moyens de financements. Le fait d’avoir dès les premiers mois de la thèse un financement dédié à la thèse donne dans la plupart des cas une orientation durable au parcours de thèse et protège de la précarité financière. Les abandons dans les six premières années d’inscription sont assez rares et, quand ils arrivent, ils interviennent assez tôt dans le parcours. De ce fait, il apparaît que l’enjeu de la précarité est plus important sur le moyen-long terme, quand les thèses durent au-delà de trois années. Les disciplines des sciences humaines et sociales sont à nouveau celles qui sont les plus susceptibles d’être caractérisées par des proportions plus faibles de parcours de financement dédiés à la réalisation de la thèse (qu’ils soient académiques ou pas). Les doctorant·es originaires des pays d’Asie ou d’Afrique risquent – à discipline égale – également plus souvent de connaître des parcours de thèse marqués par la précarité. Enfin, la situation familiale semble avoir ici une incidence propre : on retrouve plus souvent les doctorant·es en couple et/ou parents dans les parcours les plus marqués par la précarité.
Publié le  16 décembre 2022
Mis à jour le  17 janvier 2023